L’imagerie d’Épinal, nous présente ici toute l’Armée du Second Empire au grand complet. Ces planches rehaussées d’or, sont certainement les plus belles que j’ai pu croiser ces derniers temps. L’impression des couleurs est fine et plutôt fidèle aux uniformes de l’époque. Il s’agit d’une production d’époque car l’aigle est bien présente sur l’ensemble des portes drapeaux. Ces planches plutôt grandes sont imprimées sur un papier très fin et fragile. On les retrouve par la suite rééditées sans impression d’or.
Elle avait fière allure cette armée du Second Empire.
Le musée de l’Imagerie d’Épinal très actif, assure de nombreuses expositions qui mettent en valeur la production des différentes époques. A noter le dernier catalogue de l’Exposition.
Laissons lui faire la présentation de cette production abondante.
“L’Imagerie d’Épinal est la plus célèbre et la dernière en activité en Europe, héritière d’un patrimoine inestimable, constitué au fil des générations depuis 1796. Au XVIIIème siècle jusqu’à l’aube du 20ème siècle, les imageries ont joué un rôle majeur dans la transmission du savoir populaire, l’illustration des événements politiques et historiques, la culture religieuse (images pieuses), les loisirs et l’éducation des enfants. Il y en avait un peu partout en Europe et en France (Paris, Rouen, Chartres, Cambrai, Lille, Orléans, Toulouse…), se concentrant peu à peu dans l’Est (Metz, Nancy, Pont-à-Mousson…) à proximité des producteurs de papier.”(…)
“Les images d’Épinal sont indissociables de la légendaire Fabrique Pellerin fondée en 1796. Elle rayonna sur tout l’Est de la France puis au niveau national, rachetant ses concurrentes et rivalisant souvent avec les meilleurs éditeurs parisiens. D’autres imageries en Europe s’en inspirèrent (Milan, Liège, Neu-Ruppin…). À l’origine, il y a Jean-Charles Pellerin (1756 – 1836), marchand cartier-dominotier (cartes à jouer et feuilles de jeux). Souhaitant devenir « imagier », il reprend les techniques du bois gravé pour le dessin et du coloriage au pochoir, en les associant à la fameuse presse de Gutenberg. Le voilà imprimeur-éditeur, et, en bon commerçant, il colle à la demande d’alors : des images saintes, puis des planches de soldats napoléoniens. Devant leur succès, il édite les grandes batailles, des portraits de l’Empereur, suivies bientôt par l’illustration des contes de Perrault et des Fables de la Fontaine. C’est le début de la grande aventure des images pour la jeunesse, l’un des grands « best sellers » de la maison.” (…)
“La petite entreprise artisanale devient au fil des ans une « fabrique » d’images renommée et innovante. Les descendants Pellerin poursuivent l’œuvre, en développant à la fois sa création (brochures, chansons, jeux de société, constructions, albums, etc.) et son rayonnement au-delà des frontières. Ils adaptent les techniques, passant à partir de 1850 des bois gravés à la lithographie (gravure sur pierre) et aux machines à colorier pour de bien plus grands tirages. L’Imagerie passe à un stade industriel : une image pour la machine à coudre Singer est ainsi éditée à 500 000 exemplaires ! À son apogée, l’Imagerie d’Épinal emploie plus de 150 salariés et produit 12 à 13 millions de planches, avec des éditions en langues étrangères qu’elle exporte autant vers l’Amérique que la Russie des tsars.
Le XXème siècle, après la Grande Guerre, fut plus difficile pour l’imagerie Pellerin, avec l’arrivée de la radio, du cinéma puis de la télévision, s’en sortant grâce à son fonds exceptionnel et aux fameuses devinettes publicitaires. En 1984, la maison Pellerin, en grande difficulté malgré la contribution d’auteurs de BD célèbres comme Fred, Tardi, Veyron, Margerin ou F’murr, est reprise par un groupe de 51 actionnaires locaux qui la préservèrent pendant 30 ans notamment en faisant appel à de nouveaux talents et quelques grandes signatures telles François Schuiten et Joann Sfar. Aujourd’hui l’incroyable histoire de l’Imagerie d’Épinal se poursuit autour d’une nouvelle équipe, de nouvelles ambitions, soignant son entrée dans le XXIème siècle.”
A lire sur le sujet : “Trésors des Images d’Epinal” René Perrout.