Bernard Belluc – Figurines en faïence polychrome

Figurines Belluc Bernard Empire Uniforme

Les Figurines en faïence polychrome de Bernard Belluc

– Uniforme du 1er e 2nd Empire en détail – Une collection particulière

En 1968 Bernard Belluc commence sa production de figurines en faïence polychrome. C’est ce qu’il explique sur son site

“Dès ma petite enfance, bègue et isolé, j’ai commencé à créer en pâte à modeler mes petits soldats de la Grande Armée, puis à l’adolescence je découvris « l’art du feu », la terre cuite et la faïence. D’après une documentation rigoureuse, ces figurines sont réalisées en terre blanche de Limoges d’une hauteur moyenne de 25 cm. Pièce unique.”

Épaulé des conseils d’un professeur tel que le vieux Père Brunon, je gagnais de l’assurance. On ne peut mieux motivé, entêté, remettant inlassablement la main à la pâte, j’avais atteintdes résultats dans le modelage. J’aimais le contact de l’argile, pétrir la glaise, gratter, tailler dedans. Je stabilisais la hauteur de mes figurines à une moyenne de 20 cm, cette standardisation incitait à les collectionner et fidélisait ma clientèle.

La terre blanche de Limoges est une pâte à faïence magnifiquement douce, fine, grasse, plastique ; en raison de ses qualités, elle me permettait de pousser loin dans les détails. Ainsi qu’un couturier instruit à la bonne école de Mr Brunon, je me servais d’une aiguille à coudre,ce fin outil m’aidait à marquer dans la terre la trame du tissage des galons dits à ‟cul de dé′′, et ceux, dits, à ‟bâton′′, sans négliger les ouvertures des boutonnières et le tracé des lignes de coupe des vêtements. Les modèles à la hussarde totalisaient par figurine cent quatre-vingts boutons, à cette échelle, chacun de la grosseur d’une tête d’épingle. Je les fixais un à un à la colle de ma salive, sur les dolmans et pelisses. Mon travail était un délassement, je modelassais des dix douze heures par jour, en débordant gros sur les nuits, la radio branchée sur France-Inter, l’émission du Pop Club de José Arthur, illustré de musiques planantes… Je rêvassais sur ces habits aux couleurs psychédéliques, papillons de collection qui, couché bien à plat au creux de leurs caisses engrangées dans les réserves du château de l’Emperi,s’envolaient de leurs malles-cocons, et venaient après minuit, durant ces heures blanches, mecaresser de leurs basques l’esprit…

Hors de vue de m’aligner sur les tarifs horaires élevés que pratiquaient les artisans, mes figurines me demandaient un temps fou. Je m’en sortais grâce à mon logement gratis, le modique prix de l’argile, le dérisoire outillage qui se résumait en une spatule, une aiguille à coudre, une lame Gillette, et mes doigts (du fait-main). Un vieux four, une palette d’émaux et un éventail de pinceaux. Chaque sujet, exigeait au minimum cinq cuissons. La première à 1000 degrés, celle de la terre, appelée le biscuit. Après trempage de la figurine dans un bain d’émail blanc, survenait la deuxième cuisson, celle-là appelée : l’assiette. Tout pour vous mettre en bouche. Les trois suivantes se faisaient à 660°, et progressivement en diminuant la température, afin de jouer sur les brillances, les mâtetés, et fixer les platines, les ors, le tout dilué à l’essence de lavande. Les murs de l’atelier et les vêtements transpiraient de ce parfum ténu, fort jusqu’à vous soulever le cœur.

Grande, est la Grande Armée, à l’infini sont les modèles, les combinaisons des tenues. Les encouragements de Mr Brunon me surdynamisaient. A des périodes, je ne jurais qu’en vertu du strict règlement ; d’autres passes, où j’explorais la réalité du vécu, les troufions en campagne dans leur misère crasse. Traduits en figurines, cela donnaient des êtres affublés de capote râpée, pétassée aux coudes, falzar mal braillé, shako foutu de traviole sur le coin de l’œil, havresac chargé d’une poule ou d’un lapin, pendu par les pattes, embistrouillés à des ustensiles de cuisine mêlés parfois à des pièces d’argenterie, fruits de rapines, ficelés de bricet de broc au bardât. ”

Bernard Belluc

Une collection particulière.

(Je remercie le collectionneur de m’avoir ouvert ses armoires afin de pourvoir en faire des photos pour le site.)